samedi, août 11, 2007

CONSTITUTION– Référendum capital pour asseoir la junte au pouvoir

19 millions de copies du document de 150 pages ont été distribués dans tout le pays en vue du référendum sur la Constitution prévu le 19 août


La tension monte à l’approche du référendum sur la Constitution prévu le 19 août. Bien que les militants anti-junte soient de plus en plus isolés dans leur campagne pour le "non" à la Constitution, les autorités ne lésinent pas sur les moyens pour s’assurer le "oui" .
Le Conseil National de Sécurité et le gouvernement sont bien décidés à mettre tous les atouts de leur côté pour faire accepter le projet de Constitution par les Thaïlandais dans quinze jours. Après dix mois de gouvernance militaire, le référendum sur le projet de Constitution prévu le 19 août fera en effet office de vrai test sur la légitimité du coup d’état et de la junte. Et les militaires ont déjà clairement montré leur intention de s’accrocher au pouvoir après les élections générales prévues en décembre.


Promotion et répression


Après avoir distribué fin juillet 19 millions de copies du document de 150 pages dans tout le pays, le gouvernement a mobilisé ces derniers jours les fonctionnaires du royaume, forces de l’ordre comprises, pour vanter le bien fondé des 309 articles du texte auprès de la population.

2 000 spots télé et 10 000 spots radio ont également été programmés. Par ailleurs, une loi sur le référendum a pris effet, hier, punissant désormais jusqu’à 5 ans de prison toute obstruction au processus de vote. Le président de la Commission Electorale a précisé que cette loi ne réprimait pas les campagnes incitant à voter contre le projet de Constitution. Mais quoiqu’il en soit, les autorités ont déjà procédé ces derniers jours à plusieurs perquisitions chez des militants anti-junte pour saisir des affiches et tracts appelant au "non".


L’ONG emblématique du quartier pauvre de Klong Toei, Duang Prateep Foundation, en a fait les frais samedi dernier. La fondatrice, l’ex-sénatrice Prateep Ungsongtham Hata a dénoncé des manœuvres illégales et arbitraires.Selon les détracteurs du projet de charte, le texte enlèverait trop de pouvoir aux élus pour le donner à des dirigeants nommés et aux bureaucrates, laissant le champ libre aux militaires pour asseoir leur influence sur le pouvoir.


Derrière l’hypothèse du "non" la crainte d'un prolongement de la criseLes anti-juntes ont également eu à se mobiliser autour de la détention de 8 leaders de leur mouvement placés en détention depuis la semaine dernière pour avoir organisé une manifestation qui avait tourné à l’émeute le 22 juillet devant la maison du Général Prem Tinasulanond, Président du Conseil Privé du roi. Les militants anti-junte, clairement perçus comme partisans de l’ancien Premier Ministre Thaksin Shinawatra, organisent depuis plusieurs semaines des rassemblements quotidiens à Sanam Luang pour dénoncer les instigateurs du coup d’état et le pouvoir en place, et appeler au rejet du projet de Constitution.Néanmoins, le mouvement, déjà affaibli par la loi martiale toujours en vigueur dans 35 provinces et le gel des avoirs de Thaksin, a encore perdu de l’audience ces derniers temps. Surtout après les émeutes du 22 juillet.


Ces premiers débordements violents de la période de gouvernance militaire ont largement été condamnés par des Thaïlandais déjà lassés par près de deux ans de crise politique. La priorité pour une majorité de la population semble bel et bien être le retour d’un gouvernement élu, et beaucoup craignent qu’un "non" n’envenime la crise et repousse encore la perspective des élections. Tout porte donc à penser que le "oui" devrait l’emporter. Dans l’éventualité du contraire, le chef de la junte, Sonthi Boonyaratkalin, qui avait évoqué dans un premier temps la possibilité d’amender la Constitution de 1997, s’est finalement dit incertain mercredi quant à laquelle des précédentes chartes serait choisie.

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