mardi, novembre 11, 2008
LA PEINE DE MORT EN THAILANDE
La Thaïlande, connue pour sa douceur de vivre, applique encore la peine de mort. Alors que la communauté internationale se mobilise pour la supprimer, les associations de défense de droit de l'Homme s'inquiètent de la situation thaïlandaise, constatant que l’opinion publique est largement favorable à son maintien. Au total, 133 pays ont aboli la peine de mort, tandis que 64 pays et territoires utilisent ce châtiment selon Amnesty international. En Thaïlande, les dernières exécutions remontent à décembre 2003. Quatre hommes ont été tués par injection létale, un pour meurtre et les trois autres pour trafic de drogue. En 2002 il y avait eu neuf exécutions et 18 l'année précédente. Le Code pénal thaïlandais de 1956 prévoit que 31 infractions sont passibles de la peine capitale. Au total 323 personnes ont été exécutées en Thaïlande entre 1950 et 2003 malgré deux moratoires entre 1935 et 1950 et entre 1988 et 1995. Bien que la communauté internationale se mobilise pour abolir la peine de mort, la Thaïlande fait partie des 57 réfractaires ayant voté contre le moratoire de l'ONU fin 2007 qui visait à abolir une bonne fois pour toute la peine capitale. Une opinion publique en faveur de la peine capitale La peine de mort n'est apparemment pas un sujet brûlant en Thaïlande. "Ni les médias, ni les autorités, ni les ONG, ni les autorités religieuses n'ont encore pris de position ferme sur la question, nous explique Danthong Breen, président de l’Union for Civil Liberty (UCL). En plus de son désintérêt, il semble que l’opinion publique soit majoritairement en sa faveur". D’après la Fédération Internationale des Ligues de Droits de l’Homme (FIDH) et l’UCL, les autorités publiques thaïlandaises justifient le maintien de la peine de mort par "son efficacité dissuasive." Une position illustrée par l’intention du gouvernement de Thaksin Shinawatra de diffuser les exécutions à la télévision, tentative avortée face à la réaction négative du public. "La notion de vengeance est également un élément qui explique la position des Thaïlandais, explique Danthong Breen. Ce sentiment est encore très répandu : par exemple, certaines personnes pensent que l'évolution de l'exécution par un peloton vers l'injection mortelle en 2003 était ’trop douce’ au regard des crimes commis. Mais, c’est très difficile de faire changer les mentalités du jour au lendemain."
La peine de mort dans un pays bouddhiste La Thaïlande est un pays à 90% bouddhiste. Surprenant donc de voir la peine de mort ainsi appliquée dans le Royaume alors que la première règle fondamentale de cette religion est de ne pas ôter la vie à quelconque être vivant. Pourtant une majorité des religieux interrogés par l’UCL au cours d’une tournée dans le pays au mois de juillet ne semblaient pas défavorables à cette pratique. "Une des raisons qui pourrait expliquer cet état de fait est que les moines manquent d'informations sur le sujet, suggère Danthong Breen, pourtant certains d’entre eux semblent désireux de travailler sur la question si les organisations de défense des droits de l'Homme leur donnaient plus de renseignements, c’est donc ce que nous essayons de faire." Malgré le combat de défenseurs des Droits de l’Homme comme Danthong, les exécutions continuent en Thaïlande. Même si l’on ne dispose que de peu de chiffres, la FIDH et l’UCL font état d’environ 1.000 prisonniers condamnés à mort, dont 65% pour trafic de drogue. En 2007, il y aurait eu au moins six condamnations à mort selon Amnesty International. Aurélien BARBIN. (www.lepetitjournal.com/bangkok.html) mardi 11 novembre 2008 Un peu d’histoire Le premier Décret royal sur les infractions et les poursuites pénales, ou Phra Aiyakarn-Aya Luang, est entré en vigueur en 1352. Il sanctionnait par la décapitation de nombreuses infractions. Le Décret de 1435 étendra les catégories d'infractions et multipliera les techniques de châtiments : fracturer le crâne à l'aide de pièces de métal incandescentes, le déversement d'huile bouillante sur la tête du condamné ou l'abandon du condamné à des chiens affamés qui le déchiquettent. En 1934 l’exécution par balle devient obligatoire. Aujourd’hui la justice se réfère au Code pénal de 1956 pour sanctionner les crimes, dont voici quelques exemples : Tentative d'assassinat, ou assassinat, du roi ; collaboration avec l'ennemi en temps de guerre ; toute offense contre des titres et fonctions officiels ; Incendie criminel causant la mort ou des dommages corporels ; viol d'une femme entraînant la mort ; proxénétisme ou encore coercition, demande de rançon, extorsion ou vol. Le châtiment est rendu depuis 2003 par injection létale. La situation internationale Au cours de l'année 2007, au moins 1.252 exécutions ont été recensées dans 24 pays et au moins 3.347 condamnations à mort ont été prononcées dans 51 pays. Amnesty International estime pourtant que ces chiffres sont en deçà de la réalité en raison du secret qui entoure le recours à la peine capitale dans certains pays comme la Birmanie, la Malaisie, ou encore la Mongolie. L’Asie est clairement l’une des régions du monde où le nombre d’exécutions [recensées] est le plus important puisque plus d’un tiers des exécutions y étaient recensées en 2007. La Chine détient le macabre record d’exécutions avec 470 tués l’année dernière et 1.860 condamnés à mort. Le Viêt-Nam aurait appliqué la peine capitale à 25 reprises en 2007 et le Japon a exécuté neuf prisonniers. Les Etats-Unis appliquent toujours la peine de mort dans 36 Etats. Selon Amnesty International, 69% des Américains seraient favorables à la peine capitale. Lire aussi à ce sujet le communiqué d’AI Etats-Unis : Injection létale : Amnesty International France déplore la décision de la Cour suprême
Sources : (www.lepetitjournal.com/bangkok.html) 11 novembre 2008
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2 commentaires:
c'est le point noir de cette jeune (et vacillante) démocratie. On se met au niveau (heureusement pas à la même échelle) que la Chine ou l'Iran...
Merci pour le commentaire, Mamuang "anonyme" ;)
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