lundi, août 20, 2007

CONSTITUTION – Le « oui » l’emporte

Le gouvernement a obtenu sa victoire, hier, à l’issue du referendum sur la Constitution. Un « oui » qui semble davantage falloir attribuer au désir des Thaïlandais de sortir de deux ans de crise politique qu’à un quelconque intérêt pour la Constitution. Les analystes, eux, voient dans ce texte une régression plutôt qu’un progrès.


Comme l’on pouvait s’y attendre, c’est le « oui » qui l’a emporté hier à l’issue du référendum sur le projet de Constitution présenté par le gouvernement intérimaire. A 22h30, 87% des votes avaient été dépouillés. Les résultats provisoires donnaient alors 56,7% de "oui" contre 41,4% de "non". La région la plus favorable à la nouvelle Constitution semble être l’extrême sud avec plus de 85% de « oui », tandis que le « non » l’emporte dans le Nord-est avec 63%. A Bangkok, 65% des votants ont approuvé le texte hier soir. Le taux de participation, quant à lui, devrait se situer autour de 57% des 44 millions de d’électeurs. Les deux dernières élections nationales avaient rassemblé chacune près de 70% de votants.







Le « oui » pour confirmer les élections. Apparemment très sûr de lui, le Premier ministre Surayud Chulanont n’a pas même attendu le résultat du dépouillement pour crier victoire, hier, dans une déclaration télévisée, une demi-heure seulement après la fermeture des bureaux de vote. "Nous considérons que cette Constitution a été approuvée par le peuple, a-t-il affirmé, et d’ici à la fin du mois d’août, le texte sera soumis à l’approbation du roi." Le chef du gouvernement issu du coup d’état a ensuite confirmé la tenue des élections pour la fin de l’année. "La date exacte [des élections] reste encore à définir, a-t-il souligné, mais je pense que la [fenêtre] la plus appropriée se situe après l’anniversaire du roi le 5 décembre."La junte et le gouvernement présentaient depuis plusieurs semaines ce référendum comme une étape cruciale vers le retour à la démocratie, et aussi comme un test de popularité pour le coup d’état. Les autorités n’ont d’ailleurs pas lésiné sur les moyens pour faire approuver cette Constitution par la population. Néanmoins, de nombreux analystes politiques estiment que les Thaïlandais ont voté avant tout dans l’espoir de voir les élections promises arriver le plus vite possible pour ramener l’ordre dans le pays et rétablir une économie ébranlée par deux ans de crise politique.



Vers la démocratie à reculons. Mais les critiques considèrent que cette charte n’a rien de démocratique et qu’au contraire elle fragilise les acquis démocratiques de la précédente constitution et retire du pouvoir aux élus pour renforcer celui des centres traditionnels du pouvoir que sont l’armée, la bureaucratie et le palais royal. "Cette nouvelle Constitution donne aux militaires trop de libertés et laisse le pays vulnérable à des coup d’états futurs semblables à ceux du passé, affirme Camille Eiss, analyste pour l’ONG américaine de défense des droits de l’homme Freedom House."Par ailleurs, le projet de loi sur la sécurité intérieure approuvée en juin par le gouvernement, semble plus préoccupant encore. Cette loi, qui doit encore être votée au parlement et qualifiée par l’ONG Human Right Watch de « coup d’état silencieux », permettrait aux militaires de prendre le pouvoir quand bon leur semble

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