lundi, juillet 18, 2005

Impressions d'Asie


Dès que je mets le pieds hors de l’aéroport de Don Muang à Bangkok, j’ai toujours ce sentiment étrange de revenir à la maison. La première chose que je fais après avoir pris une douche à mon hôtel, c’est d’aller flâner sans but précis dans les Soïs. Je me remplis d’Asie ; tout est couleurs, odeurs, contrastes. La beauté comme la laideur s’entremêlent, certaines images m’émerveillent, d’autres me donnent envie de fuir au plus vite.
Cette ville est à la fois attractive et répulsive, Ying et Yang, on peut l’adorer et la détester la minute qui suit. Mais c’est avant tout ces sentiments qui me font me sentir ici plus vivant qu’ailleurs.

En avril dernier j’étais à Bangkok, et après avoir dîner avec des amis, en rentrant, je marchais le long du petit Soï qui menait à mon hôtel ; tout était calme et il flottait dans l’air une odeur de jasmin et d’encens qui venait de je ne sais où ? Alors je me suis surpris à sourire, conscient que ce genre d’instant furtif est exactement ce qu’on devrait tous pouvoir avoir la chance de ressentir. Un pur instant de bonheur qu’il faut juste déguster et ne surtout pas essayer de rattraper. Seulement lâcher prise à tout ce qui nous entoure ; les soucis, les peurs, les peines et rester dans l’instant présent.
Le bonheur permanent n’existe pas ; seul celui qui sait voir avec les yeux d’un enfant arrive à parfois mettre bout à bout ces petits instants magiques.

Le mois passé j’ai dû sortir du pays pour faire viser mon passeport et renouveler mon visa. Le point de passage le plus proche se trouve à Mae Sai, tout au Nord du pays, à environ 220 kms de Chiang-Mai. Pas très loin de Mae Sai se trouve Chiang Saen. Dès que je suis dans la région je m’y arrête toujours pour la journée ou pour une nuit. C’est une petite ville endormie au bord du Mékong où il n’y a pas grand-chose à faire, et c’est tant mieux. Ce qui rend cet endroit spécial, c’est un petit temple sis à quelques kilomètres de la ville, perché sur une colline surplombant le fleuve et le Laos endormi de l’autre côté de la berge. La légende dit même qu’un Naga vit dans les entrailles de la colline ; il est le gardien d’un trésor. Il n’y presque jamais personne ici, sauf parfois un moine qui balaye les feuilles autour du grand Chedi blanc. Cet endroit dégage quelque chose de magique. Je m’y rends le plus souvent tôt le matin ou en fin d’après-midi. Pieds nus, je tourne autour du Chedi, puis je reste un moment à l’intérieur pour contempler un des quatre Bouddhas dorés qui sourient en direction des quatre points cardinaux. Les murs intérieurs sont décorés de fresques magnifiques retraçant la vie du Bouddha ou ses vies antérieures. Ensuite je sors et m’assieds sur le mur supérieur du Chedi pour regarder le Mékong couler lentement et majestueusement quelques centaines de mètres plus bas.

Je peux le voir naître là-haut dans les neiges himalayennes, descendre le long de la Chine, caresser Luang Prabang, rugir près de Paksé juste avant d’entrer au Cambodge, flâner au milieu de Phnom Penh, se multiplier et nourrir le Viet-Nam, avant d’aller mourir en mer de Chine.
Je vois tout cela ; je vois aussi les cataractes d’eau tiède de la mousson qui le font parfois devenir terrible. Il y a le ciel aussi, je peux voir les gros nuages noirs, zébrés de mille éclairs, recouvrir les mystérieuses montagnes laotiennes et, derrière les rideaux d’eau, les faire ressembler à une femme couchée, contemplant pour l’éternité les carrés verts et brillants des rizières.
Je sens l’arrivée de ces grains violents, de ces cascades chaudes parfumées de l’odeur de la terre. Après le déluge le marbre brille et, tout autour, on sent les arbres, les plantes et les fleurs respirer et vivre.





Encore une fois c’est dans ces instants là que je me sens simplement vivant ; je suis tout à la fois la pluie, la terre, l’air et les arbres. Ce bien être dépasse tout : l’argent, les belles voitures, de grandes maisons, le sexe, la gloire, etc… tous ces désirs qui ne sont jamais totalement assouvis. Je ne sais pas après quoi nous courrons ? Il est parfois bon de savoir simplement s’arrêter, regarder et s’écouter respirer…

3 commentaires:

ksanlkasf a dit…

Your blog is beautiful my chouchou. Amazing !

Anonyme a dit…

So thoughtful :)
I wonder what's going on; who is taking your spirit and piece of mind

Sathip a dit…

... ME