Voici un autre article tiré du Bangkok Post, traitant des travailleurs illégaux, principalement birmans, employés à la reconstruction des sites touristiques du Sud, saccagés par le tsunami de décembre dernier.
Les travailleurs immigrés birmans représentent la principale main d'œuvre bon marché qui a construit les hôtels et bungalows « thais » du Sud, où plus de 2000 touristes étrangers ont trouvé la mort lors du tsunami. Maintenant ils reconstruisent ces mêmes hôtels et bungalows afin d'attirer à nouveau les touristes sur ces plages magnifiques.Malgré leur rôle économique, ils disent qu'ils sont devenus les victimes oubliées de cette catastrophe – n'ayant reçu peu ou pas d'aide de la part de la Thailande ni même de leur propre gouvernement en Birmanie.
Alors que les gouvernements occidentaux aidaient la Thailande lors des recherches et identifications frénétiques des victimes étrangères, personne ne se souciait des travailleurs birmans, dont on estime qu'entre 1'000 et 7'000 ont péris lors du tsunami.Ces ouvriers disent qu'ils n'ont pu qu'observer depuis leurs pauvres baraquements la distribution de vivre et d'équipement faite à leurs voisins thais.
« Lorsque je viens chez eux (les thais) pour construire leurs hôtels et leurs maisons, je les rends heureux, mais si quelque chose m'arrive, ils ne m'aident pas » note Aung Than, 56 ans, montrant deux photos de son fils et de son neveu, tués lors du tsunami en même temps que sa nièce. Seul le corps de son neveu a été retrouvé, alors que les deux autres sont toujours disparus.
Environ 5'400 personnes sont mortes lors du Tsunami qui a touché les côtes thaies de la mer d'Andaman ; la moitié d'entre eux étant des étrangers.
Certains fonctionnaires pensent que pas moins de 1'000 immigrants sont morts, mais le nombre exact pourrait bien ne jamais être connu puisque la plupart des travailleurs birmans sont sans documents. Beaucoup d'immigrants refusent également de se rendre aux morgues officielles afin d'identifier les corps de leurs collègues, craignant d'être arrêté par la police pour n'avoir pas de permis de travail.
Le « Tsunami Action Group », une ONG qui aide les immigrants birmans, estime quant à elle que le nombre de birmans morts et/ou disparus s'élève à 6'000 ou 7'000.
Avant le tsunami il y avait plus de 31'000 travailleurs birmans enregistrés rien que dans la province de Phang Nga (Sud, près de Phuket). Juste après, le « Tsunami Group Action » constate que leur nombre à chuté jusqu'à 23'000, précisant que le nombre exact de morts pourrait être deux fois plus important, vu qu'un grand nombres de travailleurs sont des illégaux.
Le « boom » de la reconstruction dans la région de Khao Lak fait ressembler la zone à une ville reconstruite à partir de zéro.Gagnant à peu près 125 à 250 bahts par jour (entre 3,5 et 7 francs suisses), les birmans forment la majorité des ouvriers ; logeant dans des abris de fortune juste derrière les complexes de luxe qu'ils construisent.
Lors de la pause de midi, dans leur baraque de tôle ondulée, Aung Than et ses collègues décrit l'inégalité de l'aide fournie après le tsunami. Parmi eux se trouve un jeune garçon de 13 ans qui gagne 100 bahts par jour à mélanger et transporter du ciment. Ses épaules, sa poitrine et son dos sont couverts d'une multitude de boutons ; résultat d'une quelconque irritation ou allergie.Dans leur voix il y a moins de l'amertume qu'une triste acceptation de leur destin, étant les plus pauvres des pauvres de Thailande.
« Ma vie était très dure en Birmanie, c'est pourquoi j'ai dû venir en Thailande. Je me suis senti affreusement mal lorsque j'ai réalisé que personne ne me venait en aide après la mort de mon fils, de mon neveu et de ma nièce » dit Aung Than « Néanmoins, la vie ici est meilleure que chez moi ».
Alors que le gouvernement thailandais accorde 20'000 bahts à chaque survivant thai, la grande majorité des birmans qui ont grandement contribués à l'économie de la Thailande, ne reçoivent rien et hésitent à demander de l'aide, de peur d'être arrêtés ou chicanés par les autorités.
La police thailandaise a fait des birmans ses bouc-émissaires favoris, les accusant publiquement d'être responsable de pillages après le tsunami ; ce qui a encore accentué les discriminations à leur encontre.
Min Zaw, un ouvrier du bâtiment de 26 ans, a perdu ces deux beaux-parents dans la catastrophe. Après avoir aidé un touriste blessé à échapper aux vagues, il s'est ensuite enfui en Birmanie, craignant des arrestations arbitraires. Il est revenu récemment, lorsqu'il a appris qu'on aurait besoin de lui pour recontruire.« Je suis revenu, mais sur 20 hommes de mon équipe précédente, 16 sont restés en Birmanie par crainte des autorités thaies. » précise Min Zaw.
Dans un rapport récent, Amnesty International indique que les travailleurs immigrés acceptent des tâches considérées comme trop dangereuses, trop sales ou trop avilissantes par les thais. Le rapport précise que : « Ils sont habituellement payés bien en dessous du salaire thai minimum, travaillent de longues heures dans de mauvaises conditions sanitaires et sont sous la menace d'arrestations arbitraires et/ou de renvois. »
Pourtant, des centaines de milliers ont fui le très répressif régime militaire birman et le taux de chômage élevé, pour se mettre en quête d'un travail en Thailande.
Assis à même le sol, dans leur cabane à Bang Niang (région côtière où se trouvent un grand nombre de plantations d'hévéas) des ouvriers précisent qu'ils ont été délibérément ignorés par les donateurs thais.« Ils nous ont demandé si nous étions thais ou birmans. Lorsque nous leur avons dis que nous étions birmans, ils nous ont dis : « sortez d'ici !!! » » raconte Yee Than, 32 ans, qui est née en Thailande mais qui est birmane. « Nous sommes des immigrés, alors ils nous traitent mal »
Et lorsqu'on lui demande ce qu'elle ressent ?
« Nous sommes de pauvres gens, nous ne ressentons rien... »
Alors que l'Europe croule sous l'afflux de clandestins, la Thailande également, de part son niveau de vie et sa situation géographique, représente un Eldorado pour beaucoup d'habitants de pays de la région asiatique.
Les problèmes de l'Occident existent donc également en Asie. Tant que des régimes totalitaires, des guerres et des inégalités subsisteront, rien ni personne ne pourra empêcher des hommes, des femmes et des enfants dans désespérés de traverser les frontières, attirés par le simple besoin d'une vie décente. Charge à ceux qui ont la chance de vivre dans l'aisance, de leur trouver des solutions humaines. Car ce qui souvent pousse ces gens loin de chez eux, est la conséquence directe ou indirecte de la politique des gouvernements de ces même pays industrialisés et aisés où ils viennent chercher refuge...
jeudi, juillet 14, 2005
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