jeudi, juin 30, 2005

La Thailande et ses problèmes

J'ai traduit un article paru il y a quelques jours dans le journal anglophone « The Banglok Post » . Bangkok est une ville gigantesque, elle n'a rien à voir avec le reste du pays, son rythme de vie est calqué sur les grandes villes américaines et européennes. De plus elle est classée comme étant la 3ème ville la plus polluée au monde, juste derrière Mexico et Jakarta. Les gens travaillent énormément, sont stressés, les syndicats quasi inexistants et donc les conséquences sur la santé désastreuses :

Le nombre de personnes résidant à Bangkok et souffrant de troubles mentaux a augmenté de 900 %, passant d'un taux de 587 pour 100'000 à 5'485 pour 100'000 en seulement trois ans ( !!!). Ceci d'après un rapport du NESDB (National Economic and Social Development Board), le Comité National pour le Développement Economique et Social. 40% présentent des troubles mentaux, 15 % souffrent de crises d'angoisse et d'anxiété et 14 % de dépression sévère.

Le rapport révèle également que la moitié des 10 millions d'habitants de la ville et son agglomération immédiate souffrent de problèmes respiratoires. L'adjoint du secrétaire-général du NESDB, M. Kittisak Sinthuvanish, constate que les changements d'habitudes et de style de vie ainsi que la pollution de l'air sont les causes principales des maladies physiques et mentales enregistrées dans la capitale. La pollution de l'air augmente aussi les risques de contracter un cancer des poumons ; ceci particulièrement parmi les banlieusards qui utilisent les transports en commun (bus), les motocyclistes ou toutes les personnes qui passent plus de trois heures par jour dans les rues de Bangkok.

De très hauts taux de pollution ont été constatés sur les grandes artères, notamment Lad Phrao, Taksin et Sukhumwit Road. Le niveau de poussière atteint 2'180 microgrammes par mètre cube sur Sam Sen Road, 1'460 sur Ramkhamaeng Road et 900 sur Silom Road, excédant de très loin la limite de 120 micro grammes par mètre cube fixée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Environ 86,4 % des habitants de Bangkok consomment des plats préparés dans des échoppes de rue ou dans des fast-food ; Ce genre d'habitude peut entraîner des empoisonnements alimentaires et/ou des diarrhées.

M. Kittisak cite également la société Mercer Human Resource Consulting qui, dans son dernier rapport, fait passé Bangkok de la 102 ème (2004) à la 106 ème place (2005) des villes les plus « habitables » ; ceci sur un total de 215 grandes villes classées à travers le monde. La sécurité, la santé publique, les transports et l'éducation ont les critères pris en compte pour ce classement.

M. Kittisak remarque aussi que la congestion du trafique engendre des pertes économiques et sociales. La vitesse moyenne du trafic en ville est de 16,64 km/h pour 30,67 km/h à l'extérieur. Le manque de discipline des conducteurs a aussi fait augmenter le nombre d'accidents. Il y a eu 54'807 accidents en 2004, causant des dégâts s'élevant à 485 millions de Bahts (env. 15 millions de CHF.) et le décès de 24'120 personnes (majoritairement des motocyclistes).

Le NESDB a également exprimé de vives inquiétudes quant à l'augmentation des quantités de déchets dangereux, particulièrement les piles et autres batteries ainsi que les téléphones portables. Environ 28 millions de téléphones portables ont été importés entre 2000 et 2003, alors que les importations de piles et autres batteries ont augmenté de 43,3 % entre 2002 et 2003.

Le Gouverneur de Bangkok, M. Apirat Kasayodhin a déclaré récemment que son équipe planchait sur des projets concrets afin d'améliorer la qualité de la vie et de l'environnement dans la capitale thailandaise...

Source : Bangkok Post / 28.06.2005


En fait cette déclaration du gouverneur de Bangkok n'est qu'un vœu pieu, les gouvernements successifs ont tous essayé de régler les problèmes de trafique et de pollution qui gangrènent la capitale. Malheureusement l'augmentation régulière du trafique et de la population urbaine rendent tous les projets bien utopiques. Bangkok comptait environ 1,7 millions d'habitants en 1960 ; elle en compte maintenant près de 6 millions (+ env. 4-5 millions avec les grandes banlieues, Nonthaburi, Samut Prakhan, etc...)

De 26 millions d'habitants en 1960, la Thailande est passée à plus de 60 millions dès 2000... De fait certaines ressources, notamment le bois, ont dramatiquement diminués. De 50 % du territoire dans les années 50, la couverture forestière ne couvre maintenant plus que 15 % du territoire...

Depuis la guerre du Viet-Nam (même si elle s'était déjà tournée vers l'occident quelques décennies plus tôt) la Thailande n'a cessé de se développer pour être maintenant une nation moderne et une puissance économique sur laquelle il faut compter. Comme l'explique très bien l'article précédent, ces changements ne sont pas sans conséquences sur les habitudes d'une population qui – il y a 100 ans à peine – était encore majoritairement agricole. Et donc toutes les tares qui découlent d'une vie et d'activités trépidantes et stressantes sont maintenant le lot quotidien d'un grand nombre de thailandais. Drogue, alcool, violences conjugales, problèmes psychiques, suicides, etc... Tout ce qui contre balance les « progrès » et merveilles de nos pays civilisés et industrialisés. Cette industrialisation à outrance (surtout durant les années 80) a eu bien évidemment des conséquences désastreuses sur le plan environnemental (pollution de l'air, de l'eau, déforestation, disparitions d'espèces rares, etc...)

Malgré ces chiffres alarmants, la Thailande a depuis quelques années pris conscience des dangers qui la menace et a commencé à prendre des mesures drastiques. Espérons que le point de non-retour n'était pas déjà atteint depuis longtemps... Si c'était le cas, le « Pays du Sourire » pourrait bien devenir celui des larmes.

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