Il y a un an jour pour jour, l’Armée renversait le gouvernement de Thaksin Shinawatra pour "rétablir l'ordre". Un an de gouvernance militaire plus tard, les problèmes ne sont pas vraiment résolus, mais les conditions sont réunies pour un retour vers une démocratie… sous tutelle militaire.
Le General Sonthi
L’intervention militaire en Thaïlande pour effacer l’ardoise n’a rien de nouveau après 18 coups d’états en 75 ans. D’aucuns espéraient pourtant que cette époque était révolue jusqu’à ce que les chars envahissent à nouveau les rues de Bangkok le 19 septembre 2006. Lasse du style autocratique de ce chef d’entreprise devenu chef de gouvernement, la majorité de la classe moyenne de Bangkok approuvait tacitement ce coup d’Etat sans violences qui mettait fin à plusieurs mois de crise politique. Les militaires promettaient alors un retour rapide à la démocratie tout en affichant 3 objectifs préalables: mettre un terme au chaos politique, débarrasser le pays des leaders corrompus, réunifier le pays.Une main militaire dans un gant démocratique.
L’intervention militaire en Thaïlande pour effacer l’ardoise n’a rien de nouveau après 18 coups d’états en 75 ans. D’aucuns espéraient pourtant que cette époque était révolue jusqu’à ce que les chars envahissent à nouveau les rues de Bangkok le 19 septembre 2006. Lasse du style autocratique de ce chef d’entreprise devenu chef de gouvernement, la majorité de la classe moyenne de Bangkok approuvait tacitement ce coup d’Etat sans violences qui mettait fin à plusieurs mois de crise politique. Les militaires promettaient alors un retour rapide à la démocratie tout en affichant 3 objectifs préalables: mettre un terme au chaos politique, débarrasser le pays des leaders corrompus, réunifier le pays.Une main militaire dans un gant démocratique.
Mais si la junte a rempli une partie de son contrat en lançant des poursuites judiciaires contre Thaksin, en élaborant une nouvelle Constitution et en annonçant les élections législatives à la fin de l’année, elle ne semble pas avoir totalement convaincu, et la crainte de voir les généraux s’accrocher au pouvoir se concrétise. "Après un an, nous ne pouvons pas dire que les problèmes aient été résolus", note Thongbai Thongpao, ancien sénateur et opposant à Thaksin Shinawatra.
L'ancien Premier Ministre Thaksin Shinawatra
Dans un article du Bangkok Post intitulé "Unhappy anniversary", le juriste écrivain souligne : "nous avons une nouvelle constitution qui pallie certaines faiblesses de celle de 1997. Mais elle soulève d’autres problèmes comme la sélection des institutions indépendantes où le pouvoir est transféré des politiciens aux juges". D’autres experts estiment en effet que cette Constitution, approuvée par référendum le 19 août dernier, donne trop de libertés aux militaires. Mais plus radical encore, ces derniers cherchent à se doter d’un "joker" permanent avec le fameux projet de loi sur la sécurité intérieure qualifié de "coup d’état silencieux" par l’ONG Human Rights Watch et décrié à l’unisson la semaine dernière par les deux principaux partis politiques.
Retour des vieux démonsThaksin Shinawatra, quant à lui, court toujours malgré plusieurs mandats d’arrêts lancés à son contre lui. Et en dépit d’une campagne acharnée de "désacralisation" à son encontre, "Docteur Thaksin" continue de bénéficier d’une solide popularité dans les régions du nord et du nord-est défiant les vœux d’unité nationale professés par les militaires.
Revanchards après la dissolution de leur parti le Thaï Rak Thaï, les partisans de Thaksin se sont regroupés le mois dernier au sein d’une formation politique préexistante, le Palang Prachachon (Force du Peuple) avec le soutien moral sinon financier de l’ancien Premier Ministre, en exil à Londres. La plupart des analystes s’accordent néanmoins à dire que ni Palang Prachachon, ni le Parti Démocrate n’apparaissent actuellement en mesure d’obtenir une majorité absolue à l’issue des élections législatives.
Ainsi, les conditions réunies par les militaires pour le fameux retour vers la démocratie semblent mener vers des gouvernements de coalition. Selon Michael Montesano, professeur à l'Université nationale de Singapour, ils resteront "sous l'influence de tierces parties, c'est-à-dire des personnes proches du palais royal et de l'armée" et seront entravés par un cadre constitutionnel réduisant le pouvoir des élus. En somme quelque chose qui s’apparente à ce que le professeur de Sciences Politiques, Thitinan Pongsudhirak, qualifie de démocratie sous tutelle.